dimanche 31 mars 2013

On a volé la défense de l'éléphant (au musée)




Vol de la défense de l'éléphant au Muséeum d'histoire naturelle de Paris



La nuit du 30 mars 2013, un énergumène assez inspiré s’est introduit dans le musée d’histoire naturelle de Paris. Muni d’une tronçonneuse, l’individu s’est attaqué au squelette d’un éléphant dont il a sectionné une défense, l’emportant sous le bras, avant d’être interpellé par la police…
Fait divers singulier, sans importance si ce n’est la picaresque du forfait ! A ceci près que le larcin a fait l’objet d’un reportage diffusé au cours du journal télévisé de 20 heures sur France 2. Diffusion maximale sur la télévision, voici tous les Français informés de l’attentat ! Serait-ce un événement à portée nationale ? En quoi ce geste commis par un déséquilibré nous concerne-t-il ?

De toute évidence, tous nos faits et gestes présentent toujours une disposition symbolique. Pour en connaître le sens, il faut en décrypter les éléments porteurs et les passer au filtre d'une lecture… initiatique. L’infraction de cet exalté de l’ivoire nous invite-t-elle à y voir de plus près ?

Quels sont les éléments en présence ?
Tout d’abord le lieu : le muséum. Notre excité a-t-il tenté de faire sortir quelque chose du musée, lieu de claustration de la mémoire, pour la rendre visible au grand jour ?
Ensuite, l’animal choisi : un éléphant. Depuis deux jours, il lui manque une défense. 
Cela ne vous fait penser à rien ? Mais si, voyons ! L’éléphant à qui il manque une défense… C’est le dieu Ganesha, sorti droit du panthéon indien ! Aucun rapport me dira l’esprit rationaliste  considérant les événements au raz des pâquerettes et pour qui rien n’a jamais de rapport avec rien ! Et pourtant, comme un fait exprès, le soir même, juste après que Marie Drucker ait fait l’annonce du méfait dans son journal, je visionnais, en compagnie de Dominique Aubier, la seconde partie du film indien Dil to Pagal Hai. Nous en avions regardé la première partie la veille au soir, donc bien avant d’être informés de l’outrage porté au squelette éléphantin. Or dans ce film (on pourra en lire l’explication dans le livre Bolliyoud, le Cinéma indien), on voit un couple d’artistes, Rahul (Sharukh Khan) et Pooja (Madhuri Dixit) en proie à d’inextricables difficultés pour réaliser leur union. Thai, le maître de danse, offre à chacun d'eux une petite statuette de Ganesha et leur conseille de se recommander à leur dieu tutélaire dont l’intervention céleste, in extremis, parviendra effectivement en fin de film, à réunir le jeune couple. A plusieurs reprises, le cinéaste Yash Chopra cadre des gros plans sur la statuette. Comment ne pas sursauter, quand soudain la face souriante du petit Ganesha à tête d’éléphant, serrée dans la paume de Rahul, nous montre qu’il n’a qu’une seule défense ?
Aucun rapport entre ce film et l’attentat au musée d’histoire naturelle ?
Au contraire, c’est une « co-incidence » : au sens que tous les éléments se réalisant au cours d’une unité temporelle participent de la même intention. Il faut — et tous les initiés connaissent cette règle — prendre connaissance des événements se déroulant à la surface de l’instant, les raccorder entre eux et y détecter la résolution marquante. Cela s’appelle faire une lecture du plan de cohérence. Il s’agit d’observer la coupe que l’instant fait apparaître à la surface du temps, dans la montée organique du vivant. Une idée s’y trouve toujours donnée en style de rébus, par tous les éléments actifs dans l’aire observable : saisir l’esprit du moment.
Alors, cette dent manquante, que signifie-t-elle ?
Dominique Aubier s’en explique largement dans un chapitre spécialement consacré à Ganesha, dans son livre Don Quichotte, la révélation… Cette dent manquante, en cours de croissance ou cassée en tous cas non entièrement visible sur l’éléphanteau indien a fait l’objet d’une analyse à laquelle on se reportera aux pages 106 et suivantes de cet ouvrage.

La légende indienne se résume en trois actes.
1.     Un enfant naît, doté d’une belle tête.
2.     Le dieu des planètes l’estime inabouti et lui tranche la tête.
3.     La tête de l’enfant est remplacée par une tête d’éléphant.
Explication : dans le cycle de la Création, l’homme est considéré comme un être incomplet. Car s’il dispose d’une tête, il en ignore le mode d’emploi et ignore qui il est. D’où le remplacement de la tête par celle de l’animal figurant ce qui doit être acquit.
Mais une seule défense ! Une moitié manque à Ganesha ! Pas de défense à gauche. Le dieu indien ne dispose pas de l’intégralité des moyens : trop de force d’un côté, pas assez de l’autre ? Que veut-il nous signifier ? Etrange transposition du zoologique au culturel ! Cette dent manquante est-elle une symbolique visionnaire de l’émission du système de vérité ? Ganesha-symbole annonce-t-il avec sa loquacité imagée le manque, mais aussi le symbole à surveiller qui, un jour, donnera la suite du rébus dont il n’est qu’une première annonce ? La complétude de Ganesha se réalisera-t-elle un jour ? La dent manquante, finira-t-elle par apparaître ? Où et quand ?
Ah, le grand rire de Ganesha ! Dieu des artistes et des écrivains, laisse-t-il entendre qu’un jour quelque auteur apportera l’explication de la dent manquante ? C’est chose faite dans le livre évoqué plus haut. C’est chose représentée dans la réalité, en cette nuit du 30 mars 2013 lors de laquelle un individu a pratiqué l’avulsion de la dent de l’éléphant qui fut offert, il y a 4 siècles, à Louis XIV. Un éléphant royal, donc, qui compromet bien la France tout entière !

La dent manquante symbolise la part non dévoilée que l’Inde n’est pas habilitée à expliciter : Ganesha en effet ne s’explique pas sur lui-même. Cette défense manquante, c’est la voie messianique, dévolue à une autre nation chargée de produire la grande explication. Quelle nation ? La réponse est là : offerte en toute évidence : la France est absolument désignée par le vestige squelettique conservé au musée ! Une image symbolique fort âpre — un jugement que Ganesha porte sur l’état momifié de notre culture tout juste bonne à encombrer la salle du projet muséique de nos élites ? Mais de ce malheureux squelette, il reste la défense d’ivoire — au contraire : obligation d’y voir! Voir la dent manquante à notre culture et y remédier !
Eh oui, Ganesha semble avoir la vertu d’être un sacré stigmatiseur des insuffisances culturelles françaises, mais il apporte également la solution en laissant apparaître le remède. Cette dent manquante, sectionnée sauvagement, c’est ce que la culture ambiante pratique au quotidien : la négation du phénomène révélatoire. Ganesha s’en amuse, sachant bien qu’il finira par retrouver sa dent manquante  !
Mais suivons la signalétique jusqu’au bout : l’élément manquant, emporté par le larron, se retrouve hors de sa sépulture de la culture officielle, se promenant dans les rues de Paris. C’est dire que le thème finit par être vu de tous ! Le symbole de la dent manquante de Ganesha, exposé à l’air libre, destiné à être connu de tous : n’est-ce pas l'explication même du messianisme ? Dès lors la dent dérobée devient hautement expressive d’une opération en cours. Ce n’est plus une annonce mais une représentation allégorique : la dent sera certainement recollée et la France, connaissant désormais le sens de ce symbole, se verra dotée de la dent manquante, celle de l’explication des symboles mis en regard avec le motif cortical. Oui, nous parlons bien de la connaissance du motif d’universalité : c'est cette connaissance qui nous manque et que la défense de Ganesha nous signale. 
Si le dieu indien a la bonté d'évoquer le motif de la tête, Don Quichotte la fait apparaître clairement au chapitre LXII, celui de la Tête enchantée. Dominique Aubier en expose le motif d'universalité, donnant à voir ce qu'il n'est plus défendu de présenter : le modèle de référence. Voir : La Face cachée du Cerveau ! 
Et Genasha peut en rire, signalant la prothésiste (ou l'anagramme prophétie) ayant procédé à la réparation, au complément informationnel, en livrant la grande explication… Le messianisme, c'est justement cela : une œuvre d'explication donnant à voir.
Pour en savoir plus… je vous recommande ce film DVD Le Messianisme, dans la série Ciné-Code n°19…

1 commentaire:

EFFET MEM a dit…

La défense dérobée est bien la défense GAUCHE selon la video publiée !
Le pachyderme a été donné au Roi Soleil par le roi du Portugal.
Les défenses actuelles droite et gauche ont été remplacées au 19ème siècle. Donc deuxième perte de l'incisive gauche. Redoublement.
C'est donc au siècle du scientisme, toujours vivace dans nos cerveaux, qu'il semble signifié au bruit de la tronçonneuse de l'actualité : défense d'y voir à gauche. Vous n'êtes capables que de regarder du côté droit.

Que la scène de la démonstration se déroule en un lieu construit comme un temple qui s'entend aussi comme musée homme me parle aussi.