Vol de la défense de l'éléphant au Muséeum d'histoire naturelle de Paris
La nuit du 30
mars 2013, un énergumène assez inspiré s’est introduit dans le musée d’histoire
naturelle de Paris. Muni d’une tronçonneuse, l’individu s’est attaqué au
squelette d’un éléphant dont il a sectionné une défense, l’emportant sous le
bras, avant d’être interpellé par la police…
Fait divers
singulier, sans importance si ce n’est la picaresque du forfait ! A ceci
près que le larcin a fait l’objet d’un reportage diffusé au cours du journal
télévisé de 20 heures sur France 2. Diffusion maximale sur la télévision, voici
tous les Français informés de l’attentat ! Serait-ce un événement à portée
nationale ? En quoi ce geste commis par un déséquilibré nous
concerne-t-il ?
De toute
évidence, tous nos faits et gestes présentent toujours une disposition symbolique.
Pour en connaître le sens, il faut en décrypter les éléments porteurs et les passer au filtre d'une lecture… initiatique.
L’infraction de cet exalté de l’ivoire nous invite-t-elle à y voir de plus près ?
Quels sont les
éléments en présence ?
Tout d’abord le
lieu : le muséum. Notre excité a-t-il tenté de faire sortir quelque chose
du musée, lieu de claustration de la mémoire, pour la rendre visible au grand
jour ?
Ensuite,
l’animal choisi : un éléphant. Depuis deux jours, il lui manque une
défense.
Cela ne vous
fait penser à rien ? Mais si, voyons ! L’éléphant à qui il manque une
défense… C’est le dieu Ganesha, sorti droit du panthéon indien ! Aucun
rapport me dira l’esprit rationaliste considérant les événements au raz
des pâquerettes et pour qui rien n’a jamais de rapport avec rien ! Et
pourtant, comme un fait exprès, le soir même, juste après que Marie Drucker ait
fait l’annonce du méfait dans son journal, je visionnais, en compagnie de
Dominique Aubier, la seconde partie du film indien Dil to Pagal
Hai. Nous en avions regardé la première partie la
veille au soir, donc bien avant d’être informés de l’outrage porté au squelette
éléphantin. Or dans ce film (on pourra en lire l’explication dans le livre Bolliyoud,
le Cinéma indien), on voit un couple
d’artistes, Rahul (Sharukh Khan) et Pooja (Madhuri Dixit) en proie à
d’inextricables difficultés pour réaliser leur union. Thai, le maître de danse,
offre à chacun d'eux une petite statuette de Ganesha et leur conseille de se
recommander à leur dieu tutélaire dont l’intervention céleste, in extremis,
parviendra effectivement en fin de film, à réunir le jeune couple. A plusieurs
reprises, le cinéaste Yash Chopra cadre des gros plans sur la statuette.
Comment ne pas sursauter, quand soudain la face souriante du petit Ganesha à
tête d’éléphant, serrée dans la paume de Rahul, nous montre qu’il n’a qu’une
seule défense ?
Aucun rapport
entre ce film et l’attentat au musée d’histoire naturelle ?
Au contraire,
c’est une « co-incidence » : au sens que tous les éléments se
réalisant au cours d’une unité temporelle participent de la même intention. Il
faut — et tous les initiés connaissent cette règle — prendre connaissance des
événements se déroulant à la surface de l’instant, les raccorder entre eux et y
détecter la résolution marquante. Cela s’appelle faire une lecture du plan de
cohérence. Il s’agit d’observer la coupe que l’instant fait apparaître à la
surface du temps, dans la montée organique du vivant. Une idée s’y trouve
toujours donnée en style de rébus, par tous les éléments actifs dans l’aire
observable : saisir l’esprit du moment.
Alors, cette
dent manquante, que signifie-t-elle ?
Dominique
Aubier s’en explique largement dans un chapitre spécialement consacré à
Ganesha, dans son livre Don Quichotte, la révélation… Cette dent manquante, en cours de croissance ou cassée en tous cas non entièrement visible sur l’éléphanteau indien a fait l’objet d’une analyse à
laquelle on se reportera aux pages 106 et suivantes de cet ouvrage.
La légende indienne se résume en trois actes.
La légende indienne se résume en trois actes.
1. Un
enfant naît, doté d’une belle tête.
2. Le
dieu des planètes l’estime inabouti et lui tranche la tête.
3. La
tête de l’enfant est remplacée par une tête d’éléphant.
Explication : dans le cycle
de la Création, l’homme est considéré comme un être incomplet. Car s’il dispose
d’une tête, il en ignore le mode d’emploi et ignore qui il est. D’où le
remplacement de la tête par celle de l’animal figurant ce qui doit être acquit.
Mais une seule
défense ! Une moitié manque à Ganesha ! Pas de défense à gauche. Le
dieu indien ne dispose pas de l’intégralité des moyens : trop de force
d’un côté, pas assez de l’autre ? Que veut-il nous signifier ?
Etrange transposition du zoologique au culturel ! Cette dent manquante
est-elle une symbolique visionnaire de l’émission du système de vérité ?
Ganesha-symbole annonce-t-il avec sa loquacité imagée le manque, mais aussi le
symbole à surveiller qui, un jour, donnera la suite du rébus dont il n’est
qu’une première annonce ? La complétude de Ganesha se réalisera-t-elle un
jour ? La dent manquante, finira-t-elle par apparaître ? Où et
quand ?
Ah, le grand
rire de Ganesha ! Dieu des artistes et des écrivains, laisse-t-il entendre
qu’un jour quelque auteur apportera l’explication de la dent
manquante ? C’est chose faite dans le livre évoqué plus haut. C’est chose
représentée dans la réalité, en cette nuit du 30 mars 2013 lors de laquelle un
individu a pratiqué l’avulsion de la dent de l’éléphant qui fut offert, il y a
4 siècles, à Louis XIV. Un éléphant royal, donc, qui compromet bien la France
tout entière !
La dent
manquante symbolise la part non dévoilée que l’Inde n’est pas habilitée à
expliciter : Ganesha en effet ne s’explique pas sur lui-même. Cette
défense manquante, c’est la voie messianique, dévolue à une autre nation
chargée de produire la grande explication. Quelle nation ? La réponse est
là : offerte en toute évidence : la France est absolument désignée
par le vestige squelettique conservé au musée ! Une image symbolique fort
âpre — un jugement que Ganesha porte sur l’état momifié de notre culture tout
juste bonne à encombrer la salle du projet muséique de nos élites ? Mais
de ce malheureux squelette, il reste la défense d’ivoire — au contraire :
obligation d’y voir! Voir la dent manquante à notre culture et y
remédier !
Eh oui, Ganesha
semble avoir la vertu d’être un sacré stigmatiseur des insuffisances
culturelles françaises, mais il apporte également la solution en laissant
apparaître le remède. Cette dent manquante, sectionnée sauvagement, c’est ce
que la culture ambiante pratique au quotidien : la négation du
phénomène révélatoire. Ganesha s’en amuse, sachant bien qu’il finira par
retrouver sa dent manquante !
Mais suivons la
signalétique jusqu’au bout : l’élément manquant, emporté par le larron, se
retrouve hors de sa sépulture de la culture officielle, se promenant dans les rues de Paris.
C’est dire que le thème finit par être vu de tous ! Le symbole de la dent
manquante de Ganesha, exposé à l’air libre, destiné à être connu de tous :
n’est-ce pas l'explication même du messianisme ? Dès lors la dent dérobée devient hautement
expressive d’une opération en cours. Ce n’est plus une annonce mais une représentation
allégorique : la dent sera certainement recollée et la France, connaissant
désormais le sens de ce symbole, se verra dotée de la dent manquante, celle de
l’explication des symboles mis en regard avec le motif cortical. Oui, nous parlons bien de la connaissance du motif d’universalité : c'est cette connaissance qui nous manque et que la défense de Ganesha nous signale.
Si le dieu indien a la bonté d'évoquer le motif de la tête, Don Quichotte la fait apparaître clairement au
chapitre LXII, celui de la Tête enchantée. Dominique Aubier en expose le motif d'universalité, donnant à voir ce qu'il n'est plus défendu de présenter : le modèle de référence. Voir : La Face cachée du Cerveau !
Et Genasha peut en rire, signalant la
prothésiste (ou l'anagramme prophétie) ayant procédé à la réparation, au complément informationnel, en
livrant la grande explication… Le messianisme, c'est justement cela : une œuvre d'explication donnant à voir.
Pour en savoir
plus… je vous recommande ce film DVD Le Messianisme, dans la série Ciné-Code n°19…