mercredi 19 juin 2013

l'Urgence du Sabbat. Le sens du Sabbat. Par Dominique Aubier.

L’Urgence du Sabbat
Dominique Aubier

L'édition de ce livre, très demandée, était épuisée depuis plusieurs années.
Voici sa nouvelle édition.
Nous rappelons que cet ouvrage est tout à fait unique : c'est en effet le seul qui donne l'explication détaillée du Shabbat, en tant que rituel. Le sens des actes posés au cours de la cérémonie, le sens des symboles évoqués (le pain, la lumière, le repas etc.) et le sens des paroles prononcées.
Qu'est-ce que le Shabbat ? Son secret, son mystère et son sens ?
Ce livre est une référence incontournable pour qui veut comprendre la dimension civilisatrice du Shabbat, le "Grand Arrêt".


L'Urgence du Sabbat

Quel est le sens du Sabbat ? Depuis des millénaires, ce rite se perpétue, sans que sa signification exacte en ait été donnée : en effet, aucun ethnologue n’a élucidé le mystère du rite sabbatique, aucun rabbin n’en a ouvert ni livré le secret. Son symbolisme n'a pas été ouvert.

Pour en percer l’énigme et en décoder le plan, il fallait d’une part un détective minutieux pour qui le judaïsme n’a pas de secret, et d’autre part un chercheur qui dispose parallèlement d’une solide formation scientifique. Une double compétence était requise, assermentée d’une vaste culture, et d’une vocation singulière : celle qui consiste à ouvrir les rites et symboles afin d'en dégager le sens.

Ainsi, après avoir défini la spécificité israélite encadrée par les cinq paramètres du Verbe, du peuple, du pays, de la langue et du temps (dans le livre Le Cas Juif), Dominique Aubier réalise l’étude exhaustive et minutieuse du sabbat. Il s’agit de trouver le sens des gestes, car dans ce rituel, rien n’est laissé au hasard.

Signe de l'arrêt cyclique, le Sabbat s'impose pour marquer l'arrêt évolutif.
N'est-ce pas en comprenant le Sabbat que l'on parviendra à comprendre les révoltes qui ébranlent les sociétés. Le Sabbat préconise l'arrêt, le "stop" : s'arrêter de "faire" et se retourner vers l'Esprit… N'est-il pas la clé pour comprendre le drame de notre civilisation qui, justement, ne sait pas "s'arrêter" de faire ?

La symbolique du Sabbat, mise au clair dans ce livre, renvoie au mécanisme du fonctionnement du cerveau. Il apparaît que le Sabbat expose, en langage symbolique, la méthode qui permet d’identifier la structure unitaire du réel que les sciences recherchent ! L’étude que présente Dominique Aubier est magistrale. Indispensable à tous ceux qui désirent en savoir plus sur le judaïsme et ses secrets.


L’Urgence du Sabbat
Edition reproduisant l'édition originale parue en 1969 aux Éditions du Mont - Blanc.
Edité par :
M.L.L. / La Bouche du PEL

300 pages, 14 x 20 cm, livre cousu, 54 €

vendredi 7 juin 2013

Dialogue Connaissance et sciences, avec le Dr. Paul Forlot

 En souvenir chaleureux de l'ami Paul Forlot :


Humaniste, et scientifique d'avant garde.
Amateur de bons vins et par conséquent, grand ami de
Don Quichotte, Paul Forlot vient de nous quitter.
Il était un grand ami.
Voici une interview passionnante que nous avons réalisée avec lui. On y appréciera son ouverture d'esprit et sa formidable capacité de remise en question de la démarche scientifique.

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Interview de Paul Forlot, biologiste, spécialiste de la mélatonine.
Interview en deux parties :
1. par Dominique Roth
2. par Dominique Aubier en second temps.


I - Profil à double foyer

Paul Forlot est docteur ès sciences dans une discipline particulière, la biologie. Breton de Belon, il aime à dire que sa conscience est d'origine, comme les huîtres de son pays : plate mais bivalve. Né en 1940, il a la chance de faire ses études dans le climat pédagogique de l'époque : la ségrégation entre sciences et littérature n'était pas encore poussée au degré d'antagonisme qui sévit actuellement dans l'enseignement. C'est là une marque de variété qui l'accompagnera tout au long de sa recherche. Dès le départ, le principe d'incertitude a commandé à son orientation. Impossible de se décider entre la voie scientifique et la voie littéraire. Il hésite longtemps au point de déhiscence, n'acceptant pas la divergence. Et comme une vocation trouve toujours ses chances, Paul Forlot a eu celle de s'inscrire dans un lycée qui offrait la possibilité de ne pas séparer une tendance de l'autre.

En effet, le lycée de Nantes où il entre à l'âge de onze ans comportait la section dite A', qui unissait le programme de la section C à celui de la section A, en ce sens qu'il fallait travailler doublement pour rester à flots. Les matières privilégiées en C : mathématiques, Physique Chimie, Sciences Naturelles pactisaient avec celles défendues en A : français, grec, latin, les autres matières étant communes aux deux directions d'étude. L'habitude et le goût de la pluridisciplinarité sera prise bien avant que les aléas de la Recherche scientifique en rendent la conception nécessaire. Elle n'était pas à la mode dans les années 60. Pour répondre à l'impératif psychique de ne jamais perdre l'alternance entre les deux manières d'aborder la vie, l'étudiant qu'il est devenu opte pour l'Agronomie.

S'il y a un domaine scientifique où la diversité des approches s'impose réellement, c'est bien celle-là. Contrairement à nombre d'autres formations scientifiques, comme Polytechnique où l'enseignement vise le concept, l'Agronomie reste au contact du réel. Et c'est son intérêt. Un intérêt prodigieux que les mœurs culturelles des trois dernières décades ont dissimulé, écartant les esprits du substrat le plus efficace pour demeurer réaliste. Paul Forlot aime à dire qu'il est venu à Internet pour des raisons pratiques, sans se laisser éblouir par le vertige du virtuel.

Déterminé par le choix initial de l'Agronomie, le cursus se complique. Impossible de rien sacrifier. Le choix se porte sur la biochimie qui a la vertu de s'appliquer à toutes les matières objets d'études biologiques. La licence puis le doctorat se gagnent ainsi, en toute fidélité au grand principe du multiple. Trois étapes déterminantes se dessinent alors:

La première, c'est le service militaire. Il se retrouve affecté à un laboratoire de recherche de l'Armée consacré à la biochimie du sang, le Centre de recherche relatif à la transfusion sanguine. La biochimie du sang, l'hématologie en général et le typage cellulaire s'emparent si bien de son intérêt qu'ils deviennent des thèmes de prédilection. Il faut dire que l'équipe où il est intégré est celle qui a découvert la technique du cariotypage, la photographie du capital génétique des individus, le recrutement offrant, avec les appelés, d'inépuisables ressources en prélèvements sanguins. La technique était fort originale, consistant à séparer les lymphocytes du reste du sang, de les cultiver et les individualiser au moment de leur mitose, stade où les chromosomes sont visibles et identifiables. La lecture s'appuyait sur des procédés qui feraient sourire aujourd'hui mais qui avaient l'avantage de solliciter l'attention d'une manière extrêmement concrète. Tant que vous n'en avez pas vu un, le chromosome est plus proche du concept que de l' objet, La micro-photo était agrandie, puis l'image grossie découpée de manière ce que les différents chromosomes soient individualisés. A ce moment-là, plaisir insigne de l'esprit, ils étaient remis en paires. Paul Forlot se souvient avec émotion de la première fois où il a vu un chromosome 21 triple, au lieu d'être pair, signe de la trisomie.

La deuxième étape a été marquée par l'entrée professionnelle dans la recherche pharmaceutique industrielle, selon la logique de la formation acquise dans l'Armée. A ce moment précis, il se voit obligé de passer à l'enzymologie par le biais de la coagulation sanguine, cheval de bataille de son laboratoire. Contrainte incontournable, acquérir sur le terrain en même temps qu'à l'université, le savoir nécessaire. Il travaille alors à l'Institut Pasteur, avec Jacques Monod et Louis Chédid, époux de l'écrivain André Chedid et père du chanteur Louis.

Troisième période, il entre dans un autre laboratoire dont les intérêts concernaient essentiellement la dermatologie. Nouvelle occasion d'ouvrir plus large encore son domaine de compétence. Il devient un photo-biologiste reconnu. Mérite d'autant plus significatif qu'il s'agit d'une branche récemment ouverte dans les sciences biologiques. Elle ne bénéficiait d'aucun passé spécifique, ni d'aucune mémoire privée, mais elle allait prendre une importance considérable, non seulement en tant que discipline mais en cela qu'elle exploitait génialement, dans l'esprit de Paul Forlot, tout ce que ces divers apprentissages lui avaient apporté.
On n'est pas obligé de croire à la pluridisciplinarité, mais il est certain qu'elle s'avère d'une immense générosité quand elle s'effectue naturellement dans une conscience.

Conclusion? La démarche devait conduire vers une cible non visible qui allait s'avérer essentielle pour la compréhension du réel: la mesure du Temps. L'interview qui suit va porter sur ce thème. Il faut dire que la Science n'a rencontré le temps qu'à partir du moment où s'est faite la découverte dont il sera question. D'où son extrême importance ...

En marge du cheminement professionnel et scientifique, Paul Forlot s'intéresse à la musique —il a dirigé une chorale—, à la culture —il participe à la création, avec Jacques Lang, du Festival Universitaire de Nancy — à la littérature non romanesque, aux essais philosophiques et comme il connait parfaitement l'allemand, il a pu lire Kant et Heidegger dans le texte. Un hasard n'ayant rien d'hasardeux lui fait connaître une amie de Nelly, son épouse, Véronique Skawinska, qui emmène le couple droit chez Dominique Aubier. Tir de précision. Il lit La Synthèse des sciences, dont le raisonnement le frappe beaucoup, puis La Face cachée du Cerveau qui lui révèle l'existence d'un Code universel. A partir de ce moment, tous les phénomènes biologiques changent de couleur à ses yeux, comme les dorades qu'on sort de l'eau. Il entrevoit l'extraordinaire simplicité avec laquelle les choses complexes acceptent de se faire contrôler. La lumière qui tombe du Code les rend intelligibles dans une mesure nouvelle d'organisation. Des faits scientifiquement observés, qui restaient jusque là sans relation, apparaissent soudain reliés par une logique de structure et de systématisation fonctionnelle.

II - La mélatonine au pavois

L'interview ayant eu lieu le 18 février 1999.

Paul Forlot : Pour vous faire comprendre la révolution épistémologique engendrée dans mon esprit par la rencontre des deux livres cités ci-dessus, je dois vous donner deux exemples.

Le plus direct à évoquer est emprunté à l'immunologie. Il existe deux aspects fonctionnels sous lesquels se constituent les défenses immunitaires: l'immunité naturelle et l'immunité spécifique. La première, c'est la réponse spontanée à une agression de l'organisme et cette réponse engendre la destruction de la cause, bactérie ou corps étranger. Un anticorps se crée alors, spécifique à la nature de l'agresseur. C'est la phase singulière du montage de la défense immunitaire. Deuxième étape. Descriptivement, je le savais par cœur. Mais je n'avais pas le recul qui aurait permis d'y voir un mécanisme intelligible en soi. Il faut reconnaître que la méthode scientifique n'y invite pas. Quelle ne fut pas ma surprise d'en découvrir le critère tout expliqué dans La Face cachée du Cerveau. Il y portait même un nom officiel: Le Redoublement. Cet archétype donnait grande satisfaction à mon sens du bivalve, ou, si vous préférez l'Algèbre aux Lamellibranches, de la correspondance biunivoque. Avec un humour de téléphoniste ou peut-être par admiration pour Fred Astaire et sa danse du Bip Bop, Dominique Aubier a utilisé un graphe représentant le ricochet: le Bip BOP. Je dois avouer que j'ai accepté cette terminologie à mi-chemin du concept et du rire. C'est que bien des mystères s'expliquaient à partir de sa formalisation ... Imaginez mon étonnement. Non seulement la répétition organique se justifiait au regard d'un principe supérieur, mais les trois niveaux d'organisation, bien observables dans la formation en deux temps de l'autodéfense, recevaient leur consécration systémique.

Ces trois nivaux d'organisation sont les suivants: immunité naturelle ( Niv 1), immunité spécifiée ( Niv 2), devenant spécifique parce que mémorisée ( Niv 3). S'il y a réinfection, la protection joue parce que la défense a été intégrée dans la mémoire cellulaire. Et je rencontrais là un second cas de puissance normative émanée de la thèse corticale. Vous me direz que toutes nos pensées viennent du cerveau. Mais ce n'est pas dans ce sens qu'opérait la mise en bouteilles ... C'était tout autre chose. Le cortex doué de parole devenait le modèle sur lequel radicaliser nos faits de connaissance.

Dominique Roth Avez-vous fait part de votre découverte à d'autres scientifiques?

P. Forlot. Bonne question. Je me suis méfié. Pas tout de suite. Mais j'ai conseillé la lecture de La Face cachée du Cerveau à deux personnes. Leur formation ne les avait pas préparées à un tel choc. Tout de même, ni l'une ni l'autre ne m'ont traité d'allumé. Au contraire. Quantité de discussions ont été engendrées entre nous, qui m'ont fait penser que la porte était entr'ouverte et qu'il fallait attendre l'occasion pour l'ouvrir entièrement.

D. Roth: Vous annonciez un second exemple.

P. Forlot. Quand on acquis le réflexe intellectuel de remarquer l'archétype dans un processus, il en reste dans l'esprit une image intégrée un peu comme dans le cas de la mémorisation immunitaire. Et cela devient d'une grande commodité. Je viens d'en vivre l'avantage dans mes travaux sur la mélatonine, en collaboration avec le Professeur Paul Pevet, de Strasbourg.

D. Roth : Qu'appelez-vous mélatonine ? Je n'en ai jamais entendu parler.

P. Forlot ... en dépit de la médiatisation qui a entouré The melatonin miracle ? Deux américains Walter Pierpauli et William Regelson, ont publié à New York, aux éditions Simon & Schuster, un bouquin qui a fait grand fracas, aussitôt accueilli en France avec le même succès publicitaire. Moi qui croyais que ce tapage avait inséré une notion trompeuse de mélatonine dans les esprits. Le vôtre a donc échappé à l'agresseur.

D. Roth : Je suis immunisé ... La Connaissance protège contre les sottises, les mensonges et les scoops pseudo-culturels qui n'ont d'autre intérêt que remplir la poche de leur promoteur, toujours confiant dans l'immense crédulité du public.

P. Forlot : Pour revenir à la mélatonine, elle constitue pour moi une découverte majeure, à la fois scientifique - puisqu'il s'agit de l'hormone messagère du temps biologique-, philosophique si vous voulez, à moins que vous préfériez le terme d'initiatique. Je ne le récuse pas au regard de ce que m'a appris La Face cachée du Cerveau.

D. Roth : Commencez par l'aspect objectif...

P. Forlot: On ne peut éviter de citer le professeur Alfred Lerner qui, d'origine allemande, travaille maintenant aux Etats Unis. C'est lui qui, le premier, a identifié la mélatonine. S'il est vrai comme le prétend le biologiste Rupert Sheldrake que les mésanges qui débouchent des bouteilles de lait en Angleterre en ont communiqué le savoir sans intermédiaire à leurs consœurs d'Australie, alors, toutes les grenouilles du monde doivent se souvenir du grand deuil mélanique dans lequel les ont plongé la maladresse du laborantin. Une goutte d'un extrait de cerveau de bœuf vient à tomber dans l'aquarium où elles attendent d'être les cobayes de la recherche sur la pigmentation dont le Pl' Lerner était spécialiste. Et voilà que le lendemain, quand il rentre dans son laboratoire, le professeur voit avec stupéfaction que ces grenouilles ne sont plus vertes. Elles sont noires comme le jais. Il se demande d'où vient cette alchimique œuvre au noir. Il y a de la magie noire dans cette transformation. Et comme il croit aux explications, il l'attribue à la chute malencontreuse d'un extrait de cerveau de bœuf dans l'eau et c'est ainsi qu'il isole le corps responsable de l'endeuillement batracien: il l'appelle la mélatonine, du grec mélanos qui signifie noir.

D. Roth : C'était à quelle époque?

P. Forlot : Dans les années 80. Depuis, et à part le scoop financier de l'américain, personne ne s'était intéressé à la mélatonine, à part le professeur Paul Pevet. Pour ses expériences, il a utilisé un petit animal sauvage et féroce, qui se rencontre aisément dans les campagnes alsaciennes, le hamster doré. Une des particularités de cette petite bête est d'hiberner entre novembre et mars. Une longue nuit la rend inactive, pendant laquelle la sécrétion de mélatonine est continue et atteint cinquante fois environ son taux de concentration en période éveillée. L'étude de ce phénomène a conduit le professeur Pevet à voir, dans la mélatonine, le principal responsable de l'hibernation, ce qu'il a pu vérifier sur d'autres espèces animales douées de la même capacité de sommeil prolongé en hiver. Il a également découvert qu'une lumière très forte, projetée brusquement sur l'animal en hibernation, provoquait son réveil immédiat et l'arrêt concomitant de la sécrétion de mélatonine. Cette observation réfléchie est à l'origine de la photobiologie des rythmes saisonniers chez les animaux hibernants. Le Pr Pevet en a déduit que la mélatonine était une hormone à sécrétion périodique, produite dans l'obscurité et sensible à la lumière.

D. Roth : Ce phénomène intéresse-t-il l'homme ?

P. Forlot : Bien sûr. Mais pour vous en expliquer l'importance, il me faut vous asséner deux coups d'horloge. L'organisme humain est ainsi fait qu'il dispose de deux mesureurs de temps, l'un et l'autre logés dans le cerveau, exactement, dans le cortex. L'horloge cosmique est le premier de ces sabliers physiologiques. Elle fonctionne sur vingt-quatre heures très précisément, le temps d'une rotation de la terre. Elle envoie en permanence ses informations à l'organisme par l'intermédiaire des noyaux supra-chiasmatiques et l'hypothalamus. Les premiers sont liés à la vision et assurent bien d'autres fonctions. Quant à l'hypothalamus tout le monde sait qu'il est la gare de triage des perceptions. On ne sait pas si, l'alternance jour / nuit s'inscrit dans le message expédié sans cesse par horloge cosmique ou si ce sont les variations du champ magnétique terrestre qui l'impulsent. Le second appareil mesureur de temps est l'horloge circadienne. Elle est entraînée par un signal exclusivement nocturne, la mélatonine. La sécrétion nocturne de cette hormone se fait par réaction enzymatique. Eh bien, cette réaction obéit elle aussi à la règle du Redoublement. La première étape est obligatoire. Elle nécessite la présence d'une enzyme appelée NAT. Vous pouvez lire: Nuit agit sur temps. Mais aussi relever que Tan en anglais signifie bronzé, noir. On se demande par quelle complicité...

D. Roth : C'est aussi, à la lecture inversée, l'homophone du mot Temps. Vous m'en direz tant... Si vous transmettez cette information à Dominique Aubier, elle y verra, écrit à l'envers le nom du chacal en hébreu, Tan, qui s'écrit avec les mêmes lettres que l'impératif du verbe donne : Tèn. Et je gage qu'elle pousserait la malice jusqu'à entendre dans ce triplet la résonnance d'un conseil divin, disant : donne la notion de temps à la conscience qui en a dévoré les effets sans s'en rendre compte !

P. Forlot : Vous avez de la chance que je sois un scientifique amoureux de poésie. A vous entendre, certains de mes confrères verraient leurs cheveux se dresser sur leur tête. Mais le temps viendra où tout ce qui est possible sera normalement objet de respect scientifique. Pour en revenir à la sérotonine, il est important de noter que l'enzyme NAT est produite uniquement à l'obscurité. C'est elle qui assure la première étape de la transformation de sérotonine en méthionine. Le Bip est donc servi. Reste le BOP. Vous voyez j'emploie sans peur le vocabulaire de la coquinerie initiatique le BOP, donc, sera lui aussi enzymatique, sous la dépendance d'une autre hormone qui, elle, n'est pas inconditionnelle de l'obscurité et qu'on appelle HIOMT. Le résultat final de l'opération est la synthèse de la mélanine. Elle est immédiatement décrétée et elle envoie un signal temporel, par l'intermédiaire d'un neurotransmetteur qui emprunte, pour circuler, le cordon thoracique intermédiolatéral droit, dans la moelle épinière. Apparemment que ce soit droit ou gauche semble n'avoir pas grande signification. Mais quand on a lu La Face cachée du Cerveau, on lui accorde une énorme importance. La droite, dans le corps, c'est le côté qui correspond à l'hémisphère " qui Sait " lequel reçoit en direct les sommations que recueille l'influx central. Vous le savez, la fruiterie est le résultat de cette disposition.

D. Roth : Si vous donniez ce détail à Dominique Aubier, elle vous dirait que le ciel s'amuse avec la mélatonine et qu'il s'en sert dans son morse pour télégraphier ses messages.

P. Forlot : Ce n'est pas parce nous parlons du noir que vous devez faire peur à la Rationalité ! Restons dans son domaine. Nous en étions à la transmission du message temporel de la sérotonine. Parlons de sa traduction. La sécrétion nocturne de méthionine, de par sa rythmicité, donne un message circadien et saisonnier qui permet au corps de s'organiser dans le temps, parce qu'il y a, dans toutes les cellules de l'organisme, des récepteurs sensibles à la méthionine. Cela veut dire que toutes les parties de notre physiologie sont au courant du temps qui passe. La méthionine est une grande donneuse de temps pour le système immunitaire. C'est d'ailleurs son nom de baptème. Le parrain, le professeur Lerner l'a appelée : der Zeitgeber, le donneur de temps. On sait, depuis deux trois ans, pas plus, que les défenses immunitaires sont organisées à l'échelle de vingt-quatre heures et à l'échelle sansevière, annuelle. Deux systèmes circadiens ont été identifiés. Le premier concerne la circulation des lymphocytes dans le sang périphérique. La nuit, ils se multiplient et se déplacent. Les lymphocytes sont noctambules. Pendant la journée, ils remplissent leur fonction de guerriers. Et c'est le second effet circadien. Et vous voyez! De nouveau le Redoublement. J'arrive et je bouge en Bip. J'agis en BOP.

D. Roth : Je me demande quand les scientifiques s'accorderont le plaisir de constater l'empreinte du modèle cortical dans les faits.

P. Forlot : Ils le feront dès que le modèle s'imposera à eux, en signalant son intérêt pour le renouvellement total de la Recherche. Ils se réveilleront, n'en doutez pas, dès que se produira intellectuellement ou culturellement le phénomène qui arrête la mélatonine quand le jour se lève et que la lumière arrive. L'horloge cosmique est en fait sous la dépendance de la lumière. Ce sont les rayons lumineux qui ont l'énergie nécessaire à l'ébranler. A l'extérieur du cerveau, c'est la lumière qui règle le temps. A l'intérieur du cerveau, c'est la nuit.

D. Roth : Mais c'est comme si nous tournions avec la terre ! Dites donc...Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi un effet gauche-droite, dans ce Yin Yang énergétique propre au cortex ?

P. Forlot : Evident pour moi. La lumière est inconditionnelle. L'obscurité est réalisatrice. La mélatonine a d'autres effets qui découlent de ses propriétés fondamentales, en particulier, elle a une action régulatrice et directe sur les mécanismes du sommeil. Moi, quand je vois un fait de savoir scientifique rebondir sur la phénoménologie de la Vie, au sens le plus quotidien du terme, je me dis: attention ! Là, il y a ou de la philosophie ou de la métaphysique. Pensez! le sommeil. Nous nous glissons tous les soirs entre des draps, afin d'obtenir le repos nocturne. Et la faculté de dormir nous serait distillée par la mélatonine . Ce n'est pas une question. C'est une affirmation. Depuis la nuit des temps, si j'ose dire, on sait que le sommeil est lié au temps terrestre. La mélatonine nous inciterait à augurer beaucoup plus que cela. A concevoir une circulation énergétique libéralisée en relation avec le pouvoir de parler.

D. Roth : Vous mentionnez là un phénomène dont je crains de ne pouvoir affronter les potentialités. Cet interview a été conçu dans une intention bien précise : montrer que la doctrine du Sacré et le savoir objectif peuvent s'associer utilement. Vous avez accepté de prendre le risque d'exposer publiquement ce que vous avez compris de cette relation. Je dois vous en remercier au nom d'OCCULTURE et en mon nom personnel, car nous n'ignorons rien de la frivolité, voire de la réticence et même de l'opposition qui sévissent dans le monde scientifique à l'égard d'une telle méthode. Je ne puis prétendre en assumer totalement la logique. Dominique Aubier serait un interlocuteur plus adapté que moi pour vous interroger...

P. Forlot : Vous voulez me mettre en danger, en somme. Mais j'ai pris le parti de tenter l'aventure et je ne vais pas reculer au moment où elle prendrait un tour montagneux.

Dominique Aubier a pris connaissance de la partie du dialogue qui s'arrête ici et qu'elle a aussitôt qualifié de Bip, ce qui l'obligeait à assumer le BOP. Reprise de l'interview le 19 février 1999.
Suite de lnterwiew par Dominique Aubier