La phobie des araignées
Au regard de la Face cachée du Cerveau
Par Dominique B. Roth
Dans un récent reportage diffusé sur France 2, la belle
Adriana Karembeu avoue à un de ses amis médecins qu’elle souffre d’une singulière
phobie : celle des araignées. La jeune femme est prise de sueurs froides
rien qu’à l’énoncé du mot, si bien que son ami l’emmène voir une spécialiste
des arachnides, pensant qu’une explication scientifique pourrait l’aider à
dominer sa peur.
L’idée n’est pas mauvaise, car l’explication d’un phénomène
réduit l’impact de sa portée émotionnelle. Le médecin de lui clarifier que les
amygdales cérébrales, sensibilisées par la perception de l’animal, se voient
alertées au moindre signal évoquant la bestiole et que la phobie viendrait de
ce que la réaction nerveuse de peur n’était pas compensée par une prise de
conscience rationnelle. Fort bien. Cependant, cela n’explique par pourquoi les
dites zones cérébrales sont à ce point sensibles à la vue, au toucher, au mot
même que déclenche l’araignée.
Le problème ne réside donc pas tant dans le cerveau
d’Adriana qui a l’air d’être une personne tout à fait saine d’esprit : ne
faudrait-il pas se demander pourquoi la phobie concerne précisément cet
animal ? Et non seulement la bestiole, mais l’idée que l’on en a ? Car
la personne panique à la moindre allusion suggestive en évoquant le thème. Ce
qui est en cause, c’est donc l’animal, son sens, mis en rapport avec la
perception que l’on en a… au travers de notre instrument de pensée qu’est le
cortex.
Dans son livre
La Face cachée du Cerveau, Dominique Aubier présente les strates
corticales : 10 strates corticales réparties sur 6 couches édifient le
cortex, ayant chacune des types de cellules spécifiques. Le cerveau,
explique-t-elle, fonctionne essentiellement selon des processus analogiques. La
raison raisonnante, quant à elle, est le produit d’un apprentissage… à l’occidentale,
cependant que la pensée de type analogique, construite sur des réseaux d’images
mises en relations les unes avec les autres, des réseaux de symbolismes,
semble bien plus universellement admise.
Particulièrement sensible aux
« invariants », c’est-à-dire les archétypes, le cortex — qui en restitue la structure unitaire — élabore toutes
sortes de stratégies d’intégrations sémantiques tendant à leur donner sens. Les
archétypes, images symboliques universelles, ont conditionné la pensée humaine,
depuis l’apparition de l’humanité. Les animaux dit totémiques sont nombreux,
par exemple dans certaines tribus amérindiennes comme les Hopis où les
différents groupes et clans s’identifient à un animal. On aura le clan de la Gazelle, le clan du Serpent, le clan de l’Araignée… dont chacun a ses rites,
ses itinéraires de migration, ses calendriers. A chaque animal correspond une
fonction précise que l’ethnologue Frank Waters a bien relevées sans avoir
cependant exactement identifié le « code », n’ayant pas eu à sa disposition
la clé de lecture ouvrant le sens des invariants. Cette clé, c’est le cortex
lui-même et sa propre structure cérébrale : image d'une structure… d'Absolu ?
L’araignée se distingue par ses 8 pattes. Elle représente
symboliquement, dans de nombreuses cultures, l’état évolutif atteint quand un
cycle parvient à un stade maximal bien déterminé : le cycle évolutif se déroule
selon des rythmes séquencés et repérables. L’énergie, depuis la couche I,
monte de couche en couche et y rencontre les différentes modalités expressives
prévues et se comporte selon des protocoles extrêmement déterminés. Elle monte
jusqu’en couche VI, et transite nécessairement par la couche V. Cette couche correspond à la huitième strate de la
structure. C’est à dire que l’énergie traverse tout l’édifice structurel, sur
les 10 strates qui la composent, et différentes stratégies se déploient. Elles
sont explicitées tout au long de l’ouvrage de Dominique Aubier.
Arrivée en couche V, c’est à dire en strate 8, l’énergie
opère une manœuvre singulière. La couche V dans tout cycle et dans notre cortex présente une particularité en ce
qu’elle présente un maximum d’écart en style de bifurcation structurelle entre
la Gauche et Droite. Les mathématiciens ont calculé, par de savantes
recherches, ce moment de la bifurcation entropique sans pour autant en avoir
identifié la structure porteuse… La stratégie évolutive du vivant préconise
l’arrêt de l’énergie en fin de couche V : arrêt sur la « corne »
de Gauche. Transfert de l’énergie vers l’En-Face de Droite, suivie d’une monté
rapide vers la couche VI (strates 9 et 10) qui n’est vitalisée que du côté Droit de la structure.
Ce lieu dramatique de l’arrêt apparaît dans de nombreuses
traditions, et le christianisme l’a fort bien représenté. Ce lieu terrible,
c’est celui de la Crucifixion, sur la bifurcation. Le symbole de la Croix
représente parfaitement l’homme prié de voir de quel côté l’énergie circule.
N’est-ce pas l’image que donne le Christ cloué sur la Croix, c’est à dire sur le
symbole même de la déhiscence duelle ? N’est-il pas appelé le
« nazaréen », le « Nazir », c’est-à-dire « l’homme du
Tzaddé », la lettre hébraïque Tzaddé se situant, sur l’arbre
alphabétique, sur la dernière branche de gauche, valeur 900 ? Ici, l’énergie déserte
le lieu du Tzaddé final et reflue vers le Tzaddé 90 pour opérer ensuite sa
montée vers les lettres Qof, Resch, Schin, Tav.
L’araignée, pour en revenir à ce sympathique animal, avec
ses 8 pattes, nous avertit. Au delà de ce lieu évolutif de la 8ième
strate, l’énergie cesse de vitaliser la branche Gauche. L’araignée désigne la fin
cyclique du côté Gauche, côté matérialiste et entropique des choses. Elle
n’est, en soi, ni gentille, ni méchante : elle est ce qu’elle est. Un
être vivant devenant emblème, symbole signalant le lieu évolutif spécifique et la stratégie s’y
déployant.
L’araignée, d’un point de vue comportemental, est un être
infatigable, obstiné, totalement conditionné par sa vocation qui est… de tisser
des toiles à l’infini et de dévorer sans retenue. Elle dispose d’une force
considérable, d’une capacité de survie phénoménale, tout à l’image des
activités entropiques de l’humanité industrielle s’imaginant que tout puisse se
perpétuer à l’infini. Et pourtant, l’ordre de l’arrêt tombe sur l'empire dont elle est la gardienne, car l’énergie file…
vers l’En-Face.
L’araignée a la grâce de nous avertir
du danger : le risque de tomber dans sa toile, d’être pris dans son
piège et de ne pouvoir s’en échapper. Elle signale la zone d’entropie post-maximale
où ne pas aller : aucun insecte ne survit dans ses pattes. Et certes, l’humanité
ne saurait se comporter comme des insectes… (encore que…)
L’Humanité, dotée d’esprit, de conscience (du moins nous
l'espérons), sait (ou devrait savoir) que l’énergie reflue à Droite de la
structure, selon une stratégie qualitative à l’opposé du monde insectoïde.
Cette stratégie est-elle enseignée en Sciences politiques ou à l’ENA ?
La phobie que l’on développe à l’endroit de l’araignée est
au final une saine peur devant un danger que signale l’animal : l’araigné
symbolise l’énormité du danger que l’on court si l’on n’observe pas, en Tzaddé final, l’arrêt et
le transfert énergétique vers l'En Face. L’araignée se pose en gardienne du côté Gauche : là
où il ne faut pas aller. Sa toile est un filet d'interception impitoyable pour qui tenterait de passer outre l'ordre qu'impose le Système. Au delà du Tzaddé final, à Gauche, plus évolution mais dévoration et destruction. L’araignée désigne l’espace de l’interdit du Verboten. C’est le piège, la nasse où se prend l’insecte téméraire…
Gentille araignée, animal symbolique ayant la générosité de
représenter ce qui pourrait nous attendre si une mauvaise décision
civilisatrice était prise…
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Précisions pour ceux qui veulent en savoir plus
Au
delà de l’animal, il faut considérer le mot. Une exégèse des
lettres composant le mot permettrait d’y voir plus clair et permettrait
d’élucider le sens du symbolisme dont l’animal est revêtu. Nous allons pratiquer la lecture du mot araignée dans la langue qui a la capacité d'aller droit au sens : l'hébreu.
Mais commençons d'abord par la langue arabe : Le Coran
consacre une sourate à l’araignée, c’est la sourate 29 qui tire son titre du verset
41 : "Ankabout".
Huit lettres
composent le mot arabe désignant l'araignée, nous rappelant que l’animal a huit pattes, et renvoyant
au nombre de strates que présente la structure. Le chiffre 8 correspond à la
lettre hébraïque Het.
Non qu’il s’agisse là d’une « numérologie » à
la mode. En hébreu, les nombres s’écrivent naturellement et très officiellement
au moyen des lettres, chacune d’elle ayant sa valeur quantitative. Ce n’est
donc pas une divagation ésotériste que reconnaître dans le 8 la lettre Het.
Cette lettre est le symbole du Pont. Du passage. Passage entre quoi et
quoi ?
Il faut
avoir constamment en tête le référentiel cortical, me disait l’autre
jour Dominique Aubier, pour décrypter toute forme de symbole. Il faut se
souvenir de la structure d’Absolu. Dès lors, au moyen de cette grille de
lecture, les archétypes deviennent lisibles. Le Het qui se situe en première
moitié de l’alphabet, c’est à dire dans l’enclos du Bip, désigne le lieu
annonciateur du passage que l’énergie suscitera ultérieurement, en BOP.
Parvenue en Tzaddé final, l’énergie reflue vers le Tzaddé et de là, elle
s’avance et monte sur la platte-forme supérieure vitalisé uniquement sur la
Droite structurelle tandis que le côté Gauche est délaissé.
En Hébreu, le mot "araignée" s'écrit au moyen de 5 lettres. Ce qui indique l'état évolutif maximal atteint à la couche 5, intégrant les 8 strates.
(Nous retrouvons ici ce rapport dialectique entre l'arabe et l'hébreu ou l'arabe présente le détail des éléments structurant tandis que l'hébreu touche au système innervant la structure.)
L’araigné
symbolise donc :
- La présence de l’ordre d’arrêt sur
la côté Gauche de la structure ;
- La nécessité systémique de passer le pont.
- Elle nous renvoie vers le côté informateur, signalant le danger qu’il y a
de croire aux « choses » et leur omni- « potence » éternelle du côté Gauche.
Elle nous rappelle que le réel est enfermé dans un cerveau
et que tout n’y est que sphère d’intelligence au plan de la structure. Le
cerveau humain, intuitivement, par analogie, parce qu'il est lui-même une structure vivante, reconnaît en l’araignée ce puissant signal. C'est ce signal
qui effraye une conscience sensible. Le cortex reconnaît en ce signal tout le sens subliminal qu'il véhicule. Et ce sens est parfaitement identifiable, lisible.
Araignée s’écrit en hébreu :
עכביש
Aïn, Kaf, Bet, Youd, Schin
Ayïn est la lettre désignant la capacité de Voir
Caf, 20. Sa valeur binaire 2 rappelle le dualisme des hémisphères,
le duel fonctionnel, le duo du plan phylétique avec
ses deux étapes, l'accord droite-gauche Dans le Caf, le
point désigne l'agent évolutif libéré qui, après avoir réalisé la
construction organique, retourne dans l'organe achevé et le met
en action. Mais cette action enregistre un départ : celui-ci est
signifié par la lettre Caf pointée, donnant alors sa sonorité dure
de k. L'action en cours
correspond au déplacement du Yod dans les
étagements structuraux. (extrait du livre Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque, par Dominique Aubier).
La
lettre Caf symbolise aussi, quand elle paraît à la
fin d'un mot, un achèvement précipité, trompeur,
qui se substitue à la véritable terminaison évolutive.
Bet désigne la
structure
Youd désigne l’énergie
Schin représente les
niveaux d’organisation.
Le mot hébreu signifie
ainsi très nettement :
Il faut
voir la structure, la dualité avec ses deux étapes à l’intérieur de la structure où circule
l’énergie dans le respect des niveaux d’organisation.
A défaut de les
voir et comprendre… direction la toile en attente d’être dévoré par
l’ignorance.
Sans doute la pire toile qui se puisse imaginer…